La pandémie de Covid-19 a mis en lumière et exacerbé les inégalités sociales et territoriales de santé en France. Selon un dossier publié par Santé publique France en janvier 2025, cette crise sanitaire a eu des répercussions variées en fonction du niveau socio-économique, de l’origine géographique, du genre et de l’âge des individus. Les enseignements tirés de cette période plaident en faveur de politiques publiques de santé plus inclusives et protectrices.
La dimension sociale de la crise sanitaire : inégalités aggravées par la pandémie de Covid-19
Cinq ans après l’émergence de la pandémie, il est essentiel d’éclairer la dimension sociale de cette crise. De nombreuses études scientifiques ont démontré que la pandémie a accentué les inégalités de conditions de vie et de travail entre les catégories sociales, les territoires, les femmes et les hommes, ainsi que les différentes classes d’âge. Par exemple, la première vague du printemps 2020 a été plus meurtrière pour les immigrés, alors qu’habituellement leur mortalité est inférieure à celle de la population du pays d’accueil. Dans les zones d’habitation socialement défavorisées et densément peuplées, l’incidence de l’infection était plus élevée, tandis que les taux de dépistage y étaient plus faibles.
Les enfants des « travailleurs essentiels » – tels que les boulangers, éboueurs, livreurs, aides à domicile, ouvriers de l’industrie agroalimentaire – qui ont assuré le fonctionnement de la société pendant les confinements, ont davantage souffert de détresse psychologique que ceux des cadres en télétravail. Les classes populaires ont ressenti plus de troubles du sommeil et de symptômes anxieux ou dépressifs que les ménages aisés. Les femmes présentaient un risque plus élevé que les hommes de contracter la Covid-19, non pas en raison de leur sexe biologique, mais en raison des positions qu’elles occupent dans la sphère professionnelle et domestique.
Initiatives pour atteindre les populations vulnérables
Face à ces constats, diverses initiatives ont été mises en place pour intégrer les personnes vulnérables, en situation de pauvreté ou d’exclusion, dans la stratégie de lutte contre l’épidémie. Par exemple, la ville de Grenoble a instauré un « Comité citoyen Covid », permettant aux habitants d’exprimer leurs inquiétudes et besoins concernant la précarité alimentaire, le délitement du lien social, la vaccination, etc. À Marseille, une équipe de l’Hôpital Européen, composée d’infirmiers et de médiateurs en santé, a parcouru les quartiers défavorisés pour dépister, recenser les cas-contacts, aider les personnes positives à respecter leur isolement et vacciner. En Seine-Saint-Denis, la caisse primaire d’assurance maladie a expérimenté diverses formes d’« aller vers » pour combler le déficit de vaccination, telles que des appels téléphoniques aux assurés âgés et/ou bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire, l’installation de barnums au pied des tours dans les zones prioritaires de la politique de la ville, et des Vacci’drive.
Ces initiatives ont démontré l’importance des démarches participatives et la nécessité d’inclure les populations dans les décisions qui les concernent, surtout les plus vulnérables socialement, pour promouvoir des actions de santé publique équitables avec une gestion territoriale au plus près des habitants. Les politiques de santé devraient s’inspirer de ces acquis pour les pérenniser et se refonder dans une perspective plus inclusive et plus protectrice.
Les jeunes, une population particulièrement affectée
La pandémie a également eu des effets significatifs sur la santé physique et psychique des populations, notamment des jeunes. Les confinements ne semblent pas avoir entravé le développement neurologique des enfants, mais des études montrent des difficultés de communication chez les nourrissons nés pendant la crise sanitaire. Les adolescents ont payé un lourd tribut à la crise sanitaire, survenue à un âge crucial de leur vie, avec une santé mentale aujourd’hui dégradée. Par exemple, une application en ligne a été co-construite avec des adolescents, des parents et des enseignants de France, d’Allemagne, d’Espagne et de Roumanie, afin de donner aux jeunes des clés pour identifier des signes de difficultés psychologiques ou gérer des situations d’angoisse.
La période Covid a également révélé la précarité alimentaire des étudiants, qui retentit sur leur santé psychique. Depuis, des projets sont testés sur plusieurs campus, comme à l’Université de Bordeaux, où la « sécurité sociale de l’alimentation » permet aux étudiants en situation de précarité de manger plus sainement et de diminuer la charge mentale liée aux difficultés de se nourrir.
Par ailleurs, des inquiétudes se font jour concernant une « dette de santé publique », qui toucherait notamment les plus de 45 ans, conséquence du sous-recours aux soins pendant que les établissements hospitaliers étaient submergés par les patients gravement atteints par le SARS-CoV-2, et qui peine à se résorber.
Conclusion
La pandémie de Covid-19 a révélé et amplifié les inégalités sociales et territoriales de santé en France. Les initiatives mises en place pour atteindre les populations vulnérables ont montré l’importance des démarches participatives et de l’inclusion des populations dans les décisions les concernant. Il est essentiel de tirer les enseignements de cette crise pour mettre en œuvre des politiques de santé publique plus inclusives et protectrices, afin de réduire les inégalités de santé et de mieux préparer la société aux futures crises sanitaires.
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