Infections associées aux soins et traitements anti-infectieux en EHPAD

Infections associées aux soins et traitements anti-infectieux en EHPAD

Chaque jour, dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), des actions sont menées pour prévenir les infections associées aux soins (IAS) et assurer un usage responsable des traitements anti-infectieux. En 2024, une nouvelle enquête nationale de prévalence menée par Santé publique France révèle des chiffres encourageants… et des enjeux toujours présents. Voici un panorama complet.

1. Une prévalence des IAS en nette diminution

En mai-juin 2024, près de 1 288 EHPAD ont participé à l’enquête transversale réalisée un jour donné, à travers la méthode Prev’Ehpad 2024. Résultat :

  • 2,35 % des résidents étaient présents avec une infection associée aux soins, soit un résident sur 40.
  • En 2016, ce chiffre était de 2,93 % ; la baisse est significative.

Ce recul traduit l’efficacité des actions de prévention engagées depuis plusieurs années, tant sur l’hygiène que sur la formation du personnel.


2. Le profil des infections documentées

Sur les 2 652 infections recensées en 2024 (prévalence de 2,41 %) :

  • 36,2 % sont des infections respiratoires
  • 31,7 % concernent les voies urinaires
  • 25,8 % sont de type cutané

Les infections urinaires graves sont majoritairement causées par Escherichia coli (53,9 %), suivi de Proteus mirabilis (7,5 %) et Klebsiella pneumoniae (11,6 %).


3. Antibiothérapie : une stabilité surveillée

Le taux de traitement antibiotique reste stable : 2,87 % des résidents recevaient un traitement au moment de l’enquête (2,76 % en 2016).

86 % des traitements sont administrés par voie orale.
📈 22 % de ces prescriptions ont une visée prophylactique, contre 13,6 % en 2016.
34 % des traitements curatifs dépassent 7 jours et seulement 31,8 % sont réévalués sous 3 jours.


4. Facteurs influençant la prescription

Les études montrent que les EHPAD sans :

  • procédures de réévaluation de l’antibiothérapie,
  • référent en antibiothérapie,
  • accès à une expertise en hygiène,

ont un taux plus élevé de prescription injustifiée. Mettre en place un suivi adapté permet de réduire les risques d’antibiorésistance.


5. Normes et coordination nationale

Cette enquête de prévalence s’inscrit dans la démarche européenne HALT-4 coordonnée par l’ECDC. Elle s’appuie sur le réseau RéPias, les CPias et les centres régionaux en antibiothérapie.

L’application PrevIAS a été optimisée pour harmoniser la collecte des données et améliorer le suivi.


6. Enjeux clés pour la prévention en EHPAD

  1. Hygiène : lavage des mains, bionettoyage des surfaces
  2. Formation : sensibilisation du personnel, référent hygiène et antibiothérapie
  3. Surveillance : réévaluation rapide des traitements, traçabilité des prescriptions
  4. Organisation : démarches qualité, certification et audits réguliers

Les actions de prévention fondées sur la formation (journées, formations spécialisées en hygiène) améliorent la sécurité globale.


7. Relever les défis à venir

  • Réduire l’usage préventif d’antibiotiques en limitant la prophylaxie systématique
  • Garantir la réévaluation des traitements sous 3 jours pour limiter la durée excessive des cures
  • Renforcer l’expertise interne (référent antibiothérapie, hygiéniste)
  • Maintenir un haut niveau de formation continue pour l’ensemble du personnel

La lutte contre l’antibiorésistance dépend de la rigueur des pratiques et de la qualité de la coordination interprofessionnelle.


8. Conclusions et pistes d’action

L’enquête 2024 met en lumière une tendance favorable : baisse des IAS et stabilisation d’un meilleur profil de consommation antibiotique.

Points forts :

  • Prévalence IAS : 2,35 % (vs 2,93 % en 2016)
  • Traitements antibiotiques en légère hausse mais maîtrisés
  • Données solides grâce à PrevIAS et à l’appui national/régional

À consolider :

  • Limiter l’antibioprophylaxie excessive
  • Améliorer la réévaluation des traitements
  • Déployer référents et experts en hygiène et antibiothérapie

FAQ – Questions fréquentes

Q1. Qu’est-ce qu’une IAS ?
Infection acquise lors d’un acte médical ou lié aux soins, selon critères McGeer modifiés.

Q2. Pourquoi surveiller les EHPAD ?
Les personnes âgées dépendantes sont particulièrement exposées, et la résistance bactérienne y est un enjeu critique.

Q3. Qu’est-ce que HALT‑4 ?
Un programme européen de surveillance des infections et usages d’antibiotiques dans les structures de soins de longue durée (ECDC).

Q4. Comment améliorer l’usage des antibiotiques ?
Via la réévaluation rapide, la présence d’un référent et l’accès à une expertise en hygiène.

Q5. Quels germes dominent les infections urinaires ?
Escherichia coli (53,9 %), Klebsiella pneumoniae (11,6 %) et Proteus mirabilis (7,5 %).

Q6. Quelle application pour la collecte de données ?
PrevIAS, spécialement conçue pour uniformiser les enquêtes nationales en EHPAD.

🔍 En résumé, l’enquête 2024 constitue un levier puissant pour renforcer la sécurité en EHPAD : avec des pratiques ajustées, des formations adaptées et un suivi rigoureux, il est possible de poursuivre la dynamique de réduction des infections associées aux soins et de promouvoir un usage responsable des antibiotiques.

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Reprise estivale des infections à entérovirus en France

Reprise estivale des infections à entérovirus en France

Introduction

L’été en France est marqué par une recrudescence des infections à entérovirus, qui affectent particulièrement les jeunes enfants et les personnes immunodéprimées. Ces infections peuvent aller de symptômes légers à des complications sévères, notamment neurologiques. En 2024, une hausse notable des cas a été observée, rappelant les niveaux d’avant la pandémie de COVID-19.

Reprise de la circulation estivale des entérovirus

Évolution de la circulation des entérovirus

Depuis 2020, la France a connu une faible circulation des entérovirus, attribuée aux mesures sanitaires liées à la COVID-19. En 2022, la tendance a changé avec une augmentation progressive des cas. Pour 2023, 2 339 cas ont été recensés, proches des niveaux observés entre 2016 et 2019. En 2024, la tendance continue avec une recrudescence des cas dès le printemps, signalant un retour à des niveaux élevés de circulation.

Épidémie de méningites virales

Les méningites virales, souvent causées par les entérovirus, ont également augmenté. 1 555 cas ont été signalés en 2023, comparables aux niveaux de 2019. En 2024, les cas ont commencé à augmenter dès le printemps, indiquant un pic potentiel durant l’été.

Recommandations pour les professionnels de santé

Surveillance accrue et mesures de prévention

Santé publique France et le Centre national de référence des Entérovirus et Parechovirus recommandent une vigilance accrue. Les professionnels de santé doivent être attentifs aux symptômes sévères, notamment neurologiques, et aux cas chez les personnes immunodéprimées et les nouveau-nés. Ils sont encouragés à effectuer des prélèvements pour confirmer les infections à entérovirus et signaler les cas au CNR.

Importance des mesures d’hygiène

Le renforcement des mesures d’hygiène, telles que le lavage des mains et la désinfection des surfaces, est essentiel pour limiter la propagation des entérovirus. Ces mesures sont particulièrement importantes dans les foyers avec des jeunes enfants ou des personnes immunodéprimées.

Traitement symptomatique uniquement

Les infections à entérovirus étant généralement bénignes, le traitement reste symptomatique. Il est crucial de rappeler que les antibiotiques sont inutiles contre les infections virales et de se concentrer sur la gestion des symptômes.

Conclusion

La reprise de la circulation des entérovirus en France en 2024 rappelle l’importance de la vigilance sanitaire, surtout pendant les périodes estivales. Les professionnels de santé doivent être attentifs aux signes cliniques et les populations doivent maintenir des mesures d’hygiène strictes pour prévenir la propagation des infections.

FAQs

Qu’est-ce qu’un entérovirus ?

Les entérovirus sont des virus qui se propagent par contact direct ou indirect avec des sécrétions contaminées. Ils peuvent causer des maladies allant des infections respiratoires légères aux méningites virales.

Quels sont les symptômes d’une infection à entérovirus ?

Les symptômes varient, incluant fièvre, maux de gorge, douleurs abdominales et, dans certains cas, méningites avec maux de tête et raideur de la nuque.

Comment se protéger contre les infections à entérovirus ?

Adoptez des mesures d’hygiène strictes comme le lavage fréquent des mains, évitez les contacts étroits avec des personnes infectées et désinfectez les surfaces.

Quel est le traitement pour les infections à entérovirus ?

Le traitement est principalement symptomatique, car il n’existe pas de traitement antiviral spécifique pour ces infections. Les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les virus.

Qui est le plus à risque d’infections sévères à entérovirus ?

Les jeunes enfants, les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes sont les plus à risque de développer des complications sévères.

Comment les professionnels de santé peuvent-ils aider à prévenir la propagation des entérovirus ?

Ils doivent diagnostiquer rapidement les cas suspects, effectuer des prélèvements appropriés et signaler les infections graves aux autorités de santé.

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